Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le français ne vient pas du latin
Le français ne vient pas du latin
Publicité
Le français ne vient pas du latin
Derniers commentaires
Archives
20 octobre 2007

Le vocabulaire des langues romanes n'est pas latin

Pour vous donner un avant-goût de mes recherches je publie ci-dessous un extrait de mon livre sur le vocabulaire. Bonne lecture

Deuxième preuve


Le vocabulaire de base des langues romanes n’est pas latin

La difficulté à comparer les vocabulaires de deux langues, par exemple le latin et l’italien ou l’anglais et l’allemand, peut venir de deux sources. Soit ces langues ont été en contact étroit, du fait de la coexistence de deux peuples sur le même territoire, ou du fait d’une domination politique et militaire d’un peuple sur l’autre, et il a pu en découler de nombreux emprunts de vocabulaire. Soit les langues ont la même origine, et c’est le même socle initial qui a engendré les vocabulaires des deux langues. Il est alors difficile de démêler la partie du vocabulaire qui a été empruntée de la partie qui vient de l’origine commune. Ainsi l’anglais et l’allemand sont toutes deux des langues germaniques, et leur ressemblance vient de leur origine commune.

Le vocabulaire de base et les emprunts

Le vocabulaire des langues romanes est très différent de celui du latin. Pourtant les emprunts au latin ont été si importants qu’ils peuvent cacher cette réalité. Il convient donc d’extraire les mots empruntés pour redécouvrir le vocabulaire originel.

Les mots empruntés se caractérisent de deux façons :

1. Ils ont trait à des domaines particuliers caractéristiques d’un état avancé de développement, comme le droit, la philosophie, la théologie…

2. Et ils ont été peu affectés par des transformations phonétiques. En d’autres termes, ils sont presque identiques aux mots de la langue dont ils sont issus.

Je donne dans les tableaux suivants la traduction en français d’adjectifs et de noms du vocabulaire latin, qui met en évidence la très grande ressemblance entre des mots français et des mots latins. Les différences ne portent que sur la terminaison des mots.

À la lecture de ces listes de mots, se vérifient deux faits :

schema2

·Ces mots français sont presque identiques aux mots latins. (Seule la dernière syllabe de ces mots est légèrement transformée).

·Ces mots ont presque tous une connotation littéraire, technique ou savante.

Plus précisément, les mots empruntés ne sont pratiquement pas déformés parce qu’ils sont proprement des mots latins. Ils ont été d’abord utilisés par des clercs, qui avaient une parfaite connaissance du latin, puis sont rentrés dans l’usage courant.

Pour comparer deux langues, il est nécessaire d’éliminer les mots d’emprunts sous peine d’affirmer à la légère leur parenté. Ainsi, tous les linguistes s’accordent pour dire que l’anglais est une langue germanique bien que l’anglais compte beaucoup de mots qui ressemblent au français. L’anglais et l’allemand sont issus d’une origine commune baptisée « germanique ». Mais la langue anglaise a absorbé, pendant les siècles qui ont suivi la conquête normande, des milliers de mots français, au point que certains textes anglais peuvent paraître proches du français. Voici  quelques exemples :

The information contained in this message is confidential.

L’information contenue dans ce message est confidentielle.

Spanish is a rich and expressive language.

L’espagnol est une langue riche et expressive.

The grammatical structure of the language has changed enormously.

La structure grammaticale de la langue a changé énormément.

À la lecture de ces phrases, un observateur peu attentif pourrait conclure que les langues française et anglaise ont un lien de parenté. Cet observateur serait en fait abusé par les mots anglais empruntés au français. D’où la nécessité de séparer les mots empruntés des mots de « base ».

À leur premier stade, les langues possédaient un vocabulaire fait de mots courants qui constituent « le vocabulaire de base ». L’anglais possédait un vocabulaire de base germanique auquel s’est agrégé peu à peu un vocabulaire français. Il en est de même pour les langues romanes qui avaient un vocabulaire de base « italien ancien » qui s’est accru au fil des siècles de nombreux mots empruntés au latin.

Les langues romanes et le latin sont restés en contact pendant plus de 20 siècles et du vocabulaire latin a été incorporé aux langues romanes pendant trois grandes périodes.

– Du IIIe siècle av. J.-C. au Ier siècle ap. J.-C., les peuples latin et italien coexistent et l’apport est direct.

– Du IIe siècle au XVIe siècle, le latin bien que langue morte reste la seule langue écrite de l’Europe occidentale, et les savants, les hommes d’église et les légistes y puisent continuellement soit pour emprunter un mot latin, voire un mot grec par l’intermédiaire du latin, soit pour forger un mot nouveau.

– À l’époque moderne le besoin de mots nouveaux dans les domaines scientifique et technique ouvre une nouvelle ère pour l’emprunt aux langues anciennes.

Ainsi les langues romanes comptent des milliers de mots latins, mais ces mots ne sont presque jamais des mots de la vie courante.

Je rappelle que mon schéma des langues italiques est le suivant :


SCHEMA 3


Il faut le préciser comme suit, pour faire apparaître les apports continus du vocabulaire latin aux langues romanes :


SCHEMA 4


Les pointillés figurent, non pas un lien de parenté, mais un flux de vocabulaire. Schématiquement, j’ai figuré deux flux, bien qu’il s’agisse en vérité d’un flux unique étalé sur plus de 20 siècles.

Cela m’amène à concevoir un vocabulaire de base qui est censé représenter l’ensemble des mots courants couvrant l’activité humaine, à l’exception des domaines sophistiqués de la politique, de la religion, de l’art, de la technique, du droit, de la philosophie…

Ce vocabulaire, bien que plus allégé que le vocabulaire contemporain, n’en est pas pour autant rudimentaire. La Bible, écrite à une époque où l’organisation sociale et les connaissances techniques n’en étaient qu’à leur début, compte plus de 6 000 mots distincts. Les peuples qualifiés de « barbares » par les Grecs possédaient, eux aussi, un vocabulaire très étendu.

Mais avant cela, je veux préciser la deuxième raison qui induit en erreur les linguistes. Le latin et l’« italien ancien » ont une origine commune, et ont donc quelques points communs, comme les langues anglaise et allemande ont des points communs, car elles aussi sont issues d’une même origine.

Une origine commune : l’italique

Le latin et l’« italien ancien » ont la même origine, appelée « italique ». Pour fixer les idées, je dirais que cette origine commune remonte à 10 000 ans avant J.-C. Il est impossible de préciser scientifiquement la date à laquelle les peuples italiques parlant la même langue se sont séparés et ont créé à partir du même tronc commun deux langues aussi distinctes que le latin et l’« italien ancien ». J’aurais pu indiquer non pas 10 000 ans, mais une fourchette allant de 1 000 à 10 000 ans. Dans le chapitre sur l’évolution des langues, je montrerai combien évoluent lentement les langues en général, ce qui me conduit à penser que 1 000 ans seraient peu de temps pour créer deux langues aussi différentes que le latin et l’« italien ancien », c’est pourquoi je mets plutôt la barre à 10 000 ans.

Mon propos est avant tout d’exposer que, bien que très distincts, le latin et l’« italien ancien » ont une origine commune que je représente comme suit :


SCHEMA5

Sous la forme graphique de cercles, je fais apparaître les ensembles et les sous-ensembles de vocabulaire.


SCHEMA 6


Cette présentation permet de décomposer les vocabulaires des trois langues et de faire apparaître différents sous-ensembles.

Le groupe 1 représente le vocabulaire de la langue-mère, l’italique, qui n’a pas été transmis aux langues filiales. Ce groupe est d’une faible importance. En général, la création des vocabulaires se fait par strates successives sans abandon du vocabulaire antérieur.

Le groupe 2 représente le vocabulaire de la langue-mère qui a été transmis à une langue mais pas à l’autre.

Le groupe 3 représente les mots d’origine italique qui ont été transmis à l’une et l’autre langue et qui donnent l’impression qu’une langue découle de l’autre.

Le groupe 4 représente les mots propres à chaque langue filiale. Ils sont « auto-fabriqués » par les procédés classiques : métonymie, mots composés, déformation phonétique… chaque peuple développant son génie propre, et créant peu à peu une langue particulière.

Le groupe 5 comprend les mots communs aux deux langues qui ne viennent pas de la langue-mère : ce sont des mots d’emprunt.

Ces distinctions complexes sont nécessaires à la bonne compréhension de la suite.

Arrêtons-nous sur le groupe 3. Quand des mots sont semblables en italien et en latin, cela peut provenir de leur origine commune. Cela ne prouve en rien que les langues romanes viennent du latin. Les vocabulaires de base anglais et allemand sont proches, pour autant l’anglais ne vient pas de l’allemand, et vice-versa. Pourtant les vocabulaires de base anglais et allemand sont plus proches que ne le sont les vocabulaires latin et roman. Comment cela n’a-t-il pas frappé les linguistes ? Comment les langues allemande et anglaise qui sont des « langues sœurs » seraient-elles plus proches que ne le sont le latin et l’italien, qui sont supposés avoir une filiation directe ?

Il ne faut donc pas s’extasier trop vite sur les ressemblances observées entre les vocabulaires des langues latine et romanes. Celles-ci peuvent n’être dues qu’à leur origine commune italique.

Avant l’italique : l’indo-européen

Les linguistes s’accordent pour penser que les fortes concordances existant entre les différentes langues d’Europe, d’Iran et d’Inde suggèrent une origine commune qu’ils appellent langue indo-européenne. L’indo-européen a donné naissance, par fractionnements successifs, aux différentes langues européennes, iraniennes et indiennes.

Ainsi, en ce qui concerne le français, les étapes ont été les suivantes : l’indo-européen a donné plusieurs branches dont l’italique. L’italique a donné au moins deux branches : le latin, qui n’a pas eu de descendance, et l’« italien ancien » qui a donné naissance à toutes les langues romanes.

Le schéma ci-après représente les différentes familles et les différentes langues issues de l’indo-européen :

De même que je situe l’italique aux alentours de 10 000 ans avant J.-C., je situe l’indo-européen aux environs de 20 000 ans avant J.-C.

En d’autres termes, pour moi, l’homme de Cromagnon et ses descendants étaient de langue indo-européenne.

Les trois premières strates du vocabulaire des langues romanes

La longue filiation que je viens de présenter qui va de l’indo-européen au français en passant par l’italique et l’italien ancien a laissé dans le vocabulaire des traces de chacune des étapes de l’histoire de la langue.

1. LA STRATE INDO-EUROPÉENNE, exemple, le mot NEZ :

Prenons le mot NEZ. Il se dit à peu près de la même façon dans les langues italiques, germaniques et slaves (italien NASO, allemand NASE, russe NOS). Je fais l’hypothèse que le mot indo-européen était NAS qui a donné l’italique NAS lequel a donné d’un côté le latin NASUS, et de l’autre l’ « italien ancien » NASO, qui a donné l’italien moderne NASO et le français NEZ, selon le schéma suivant :

Indo-européen (-20 000)                      NAS


Italique (-10 000)                                NAS


Italien ancien et latin     NASO (italien ancien)   NASUS (latin

Langues romanes        NEZ (français)    NASO (italien)         

Les étymologistes officiels veulent absolument que le mot NEZ vienne du latin NASUS, en fait le mot NEZ garde la trace de son origine indo-européenne, et nous a été transmis par l’italique puis par l’« italien ancien ».

2. LA STRATE ITALIQUE, exemple, le mot MAIN :

Le mot MAIN se dit de la même façon dans les langues romanes et en latin. Nous pouvons le considérer comme un mot italique qui s’est transmis aux deux branches issues de l’italique : le latin et l’italien ancien.

Par contre le mot MAIN se dit différemment dans les autres langues indo-européennes donc il n’est pas indo-européen mais uniquement italique, selon le schéma suivant :

Indo-européen (-20 000)                  ?


Italique (-10 000)                    MANO


Italien ancien et latin     MANO           MANUS (latin)


Langues romanes MAIN (français) MANO (italien)

Les étymologistes font venir le mot MAIN du latin MANUS. Je considère que le mot MAIN a une origine italique et non latine.

3.LA STRATE « ITALIEN ANCIEN », exemple, le mot JAMBE :

Dans les différentes langues indo-européennes, le mot JAMBE se dit de façons très différentes. Le mot n’est donc pas indo-européen, ou plus précisément, ce mot n’existait pas encore à l’époque indo-européenne, il n’a donc pas été transmis aux différentes familles linguistiques. Il se dit différemment en latin (CRUS). Il n’est pas non plus un mot italique. Par contre, il se dit GAMBA en italien et en roumain. Je fais donc l’hypothèse que le mot JAMBE vient d’un mot « italien ancien » GAMBA, qui en français a subi une légère altération.

Indo-européen                                     ?


Italique                                                ?


Italien ancien                                     GAMBA

Langues romanes        GAMBA (italien)             JAMBE

Exemple de classification des mots : application aux mots relatifs au corps humain.

J’ai appliqué la méthode de classification que je viens de vous présenter aux mots les plus courants du corps humain, et je les ai classés en trois groupes selon leur origine.

1. Les mots indo-européens

Les mots NEZ, OREILLE, ŒIL, DENT… sont pratiquement iden-tiques dans toutes les langues indo-européennes.

schema7


Ce sont donc des mots indo-européens, c’est-à-dire qu’ils existaient à une époque très ancienne, avant l’éclatement en différentes familles linguistiques.

2. Les mots italiques

Les mots PIED, MAIN, CHEVEU, LANGUE, BRAS et DOIGT sont identiques dans toutes les langues romanes et en latin, mais différents des mots des langues des autres familles indo-européennes.

schema8

Les mots PIED, MAIN, CHEVEU, LANGUE, BRAS et DOIGT sont des mots italiques et non des mots d’origine latine.

3. Les mots « italien ancien »

schema9

On découvre, dans cette catégorie, des mots qui ne viennent pas du latin, et qui sont quasiment identiques dans toutes les langues romanes, à quelques rares exceptions près. Le plus surprenant, est que les mots roumains sont éminemment « romans ». Or, la Roumanie s’est détachée de l’empire romain en l’an 270 de notre ère, ce qui nous laisse à penser que la langue qui a été apportée en Roumanie était déjà de l’italien ancien, non du latin.

Quand un mot est d’origine indo-européenne ou italique, les étymologistes décrètent sans ambages que le mot vient du latin. Ainsi, pour eux, le mot NEZ viendrait du latin NASUS, et le mot PIED viendrait du latin PES. Ils font une grave erreur de raisonnement, mais n’en sont même pas conscients. Ils ne se posent même pas la question. Pour eux, l’origine latine du vocabulaire des langues romanes est un axiome. Ils se trompent et ils vous trompent. Voyez, disent-ils, la ressemblance entre les mots latins et les mots français, il n’y a pas de doute ! Malheureusement pour eux, il y a des mots « italien ancien » qui ne ressemblent en rien au latin, et qui les déroutent.

...

schema1

Publicité
Publicité
Commentaires
G
Les linguistes sont tous d'accord pour ne pas situer le latin parmi les langues italiques.
Publicité