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Le français ne vient pas du latin

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10 septembre 2009

Etymologie des langues indo-européennes

Chers amis, chers linguistes,

C'est avec une très grande tristesse que je vous annonce le décès d'Yves Cortez, survenu en Mai 2009, à la suite d'une longue maladie.

Avant de nous quitter, il a réuni toutes ses forces pour mettre par écrit son dernier ouvrage, intitulé :

Etymologie des langues indo-européennes

par la méthode oronale

que je vous invite à découvrir à l'adresse suivante: http://www.etymologie-langues-indo-europeennes.fr/

L'ouvrage reste cependant à compléter et il comptait sur une jeune génération de linguistes, passionnés comme lui par l'étymologie pour reprendre le flambeau et poursuivre ses recherches.

Annabelle Cortez, sa fille (annacortez@yahoo.fr)

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12 mai 2009

Bonjour

Chers amis

Ce blog vous propose quelques extraits de mon livre «  Le français ne vient pas du latin ». Il prolonge la réflexion  et l’approfondit sur certains points. Ceci est d’autant plus important que j’avais sous-estimé l’opposition à laquelle je me suis heurté, pensant un peu trop rapidement que toute personne douée de bon sens adhérerait à cette nouvelle théorie, tellement il y a d’incohérences dans la théorie officielle

Bonne lecture

Estimados amigos

Este portal les propone algunos extractos de mi libro “ Le français ne vient pas du latin ”. Prolonga la reflexión y la profundiza en algunos puntos. Esto es de suma importancia considerando que había subestimado la oposición a la que me enfrenté, pensando un poco rápidamente que cualquier persona dotada de sentido común aceptaría esta nueva teoría, ya que la teoría oficial presenta tantas incoherencias. Encontrarán extractos en español en el sitio “El castellano no viene del latín”.

Feliz lectura

My Dearest Friends

This blog introduces extracts of my book entitled “Le français ne vient pas du latin” (French doesn’t come from Latin). It detailed some key ideas of my thesis and takes a deep look into some aspects.

This is all the more essential as I had overall under-estimated the opposition I am facing in my fight. I simply thought that any sensible man would have grasped the proof of my theory, and been alert to the inconsistancy of the official theory that I highlighted.

Happy reading 

12 mai 2009

Résumé de la thèse: Le français ne vient pas du latin

1/ A Rome coexistaient 2 peuples : l’aristocratie qui parlait latin et la plèbe, qui parlait roman.

2/ La langue romane parlée par la plèbe :
- n’est pas dérivée du latin
- n’est pas un latin vulgaire
- n’est pas du bas-latin

3/ La langue romane est une langue indo-européenne au même titre que le grec, le sanskrit...

4/ Les langues romane et latine se sont imprégnées l’une de l’autre pendant toute l’histoire de Rome, sur le plan du lexique mais en rien sur le plan de la syntaxe et de la grammaire.

5/ La langue romane s’est donc latinisée sur le plan lexical donnant l’illusion d’une origine latine.
Cette illusion a été sans cesse confortée par les recherches universitaires.

6/ Les Romains apportent donc dans la conquête de l’Empire deux langues : la langue romane comme langue parlée qui deviendra la langue mère de toutes les langues romanes ; et le latin comme langue écrite, langue de l’érudition, du droit, puis de la religion dominante.

11 octobre 2008

Para los lingüistas espanoles

Est-ce que l’anglais vient du français ?

Les linguistes espagnols ont critiqué ma thèse sans même avoir lu mon livre. Voici à titre d’exemple le texte produit par l’un d’eux qui se veut une démonstration que l’espagnol vient du latin

(Los lingüistas españoles han criticado mi tesis sin siquiera darse la pena de leer mi libro. A continuación, a título de ejemplo presento el texto producido por uno de ellos que pretende demostrar que el español viene del latín.)

No (non) conozco (cognosco) este (iste) nuevo (novus) libro (liber), pero sospecho (suspicor) que la tesis (thesis) no (non) tiene (tenet) mucho (multum) futuro (futurum). Sólo (solum) el enunciado (enuntiatio), salvo (salvo) error (error) u omisión (omissio) periodísticos (in periodicis), de que "El latín (lingua latina) era (erat) una (una) lengua (lingua) muerta (mortua) ya (iam) en (in) el tiempo (tempus) de Augusto (Augusti)... y (et) sólo (solum) era (erat) usada (usa) para la escritura (scriptura) y (et) la redacción (redactio) de documentos (documenta)..." -dice él (dicit ille)-, ya (iam) permite (permittit) ver (videre) que el Señor (senior) Cortez ignora (ignorat) o desprecia (depretiat) los miles (milia) de ejemplos (exempla), escritos (scripti) sobre (super) piedra (petra) o papiro (papyrus), que (qui) demuestran (demonstrant) un (unus) uso (usus) continuo (continuus) de una (una) escritura (scriptura) latina (latina) popular (popularis), espontánea (spontanea) y (et) cotidiana (quotidiana), empezando por las inscripciones (inscriptiones) funerarias (funerariae) más (magis) humildes (humiles), de todos (toti) los cuales (quales) tenemos (tenemus) testimonios (testimonia) durante (durans) todo (totus) el Imperio (imperium) Romano (romanus), y (et) más (magis).

Pour montrer que ce « raisonnement » manque de sérieux , j’ai écrit ce petit texte en anglais truffé de mots français. On pourrait en conclure aussi sottement que l’anglais vient du français

(Para mostrar que este « razonamiento» carece de seriedad, he escrito este pequeño texto en inglés lleno de palabras francesas. Se podría concluir de la misma manera tonta que el inglés viene del francés.)

I (je) suppose (suppose) you (vous) have (avez) no (non) idea (idèe) regarding ( au regard) the main (maint) linguistical (linguistique) problems (problèmes) . I (je) regret (regrette) you(vous) are unable (inapt) to conceive (concevoir) an (une) other (autre) theory (théorie). Is (est) your (votre) intelligence (intelligence) limited (limitée) ? Drop (dérapez) the lessons (leçons) that you (vous) have (avez) studied (étudié) at (à) the university (université) , open (ouvre) your (vos) eyes (yeux), adopt (adoptez) a (une) new (neuf) mentality (mentalité) . It is (c’est) difficult (difficile) to change (changer) one’s point of view (son point de vue),but my (ma) theory (thèse)  gains (gagne) ground in(en) private(privé) circles (cercles)

En vérité ceci illustre la vraie nature des langues romanes. De même que l’anglais est une langue germanique qui a absorbé de nombreux mots français, les langues romanes sont issues d’un « italien ancien » totalement distinct du latin , qui au contact du latin s’est enrichi de nombreux mots latins, donnant l’illusion aux analystes peu scrupuleux que les langues romanes viennent du latin.

(En verdad lo anterior ilustra la verdadera naturaleza de las lenguas romances. De la misma manera que el inglés es una lengua germánica que ha absorbido numerosas palabras francesas, las lenguas romances provienen de un “italiano antiguo” totalmente distinto del latín, que al contacto del latín se ha visto enriquecido con numerosas palabras latinas, dando la ilusión a los analistas poco escrupulosos que las lenguas romances vienen del latín.)

Chers amis espagnols, je sais que le choc est rude pour vous, mais lisez mon livre et vous découvrirez de nouveaux horizons

Amicalement

(Estimados amigos españoles, sé que el choque es rudo para ustedes, pero leen mi libro y descubrirán nuevos horizontes

Cordialmente)

22 mai 2008

Latin vulgaire et latin classique

Deux thèses sont en présence :

-         La thèse officielle qui fait dériver les langues romanes d’un latin vulgaire, thèse officielle défendue et enseignée par toutes les universités

-         La thèse de Yves Cortez, qui défend l’idée que, ce qui est appelé « latin vulgaire » est en fait une langue très différente du latin, mais très proche de l’italien et  qui ne dérive pas du latin.

Monsieur J.K Domene, docteur en linguistique, s’indigne dans un commentaire paru dans ce blog, que l’on puisse soutenir un point de vue qui a fait l’objet de tant et tant de publications et qui fait l’unanimité de tout temps.

Pourtant la position officielle n’est pas aussi solide qu’il y paraît.

Je pose à Jose Fernando Domene , à Michel Banniard, à Henriette Walter et à Alain Rey, entre autres représentants de l’orthodoxie, les questions très simples et très concrètes suivantes :

1 . Pourquoi en pleine apogée de l’empire romain, et à une époque où les Romains ont établi des écoles aux quatre coins de l’empire, la littérature latine dépérit et ne produit plus , que très exceptionnellement, de textes « vivants » (romans et pièces de théâtre ) ?

2 . Pourquoi les Romains ne parlent jamais de latin vulgaire, mais de langue vulgaire ? Les Romains mentionnent bien l’existence d’une langue populaire, mais pas d’un latin déformé.

3 . Pourquoi , si l’italien et le français viennent de la même langue mère, le français ressemble plus à l’italien qu’à sa langue mère, le latin ? Alors que l’une et l’autre langue auraient dû dériver chacune de la langue mère, l’une gardant des traits que l’autre n’aurait pas gardé.

J’attends sur ce point une réponse précise. Ainsi pourquoi le genre neutre , les adjectifs verbaux , la forme passive, tous les verbes déponents , etc etc…ont disparu également dans les deux langues ? Comment, dans des contextes historiques totalement différents, l’italien et le français auraient-ils pu se transformer de la même manière ?

4 . Pourquoi, en appliquant le principe très simple de la reconstruction de la langue mère, on ne remonte pas au latin ? Des linguistes de grande renommée ont déjà depuis longtemps mis ce pont en évidence.

5 . Pourquoi la grammaire grecque en 25 siècles a si peu évolué malgré que la Grèce ait été envahie pendant de nombreux siècles par des puissances étrangères.

6 . Pourquoi l’ancien français et l’espagnol ancien nous rapprochent de l’italien et non pas du latin ?

Je me contente de ces quelques questions, mais la liste de nos interrogations aurait pu s’allonger encore. Ce sont ces questions auxquelles la théorie officielle ne donne pas de réponse.

Merci aux protagonistes de la théorie officielle de répondre point par point à ces 6 questions, simplement et concrètement.

Bordeaux le 22 mai 2008-05-22

Yves Cortez

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11 mai 2008

El castellano antiguo - L'espagnol ancien

L’ESPAGNOL ANCIEN

( El castellano antiguo)

L’espagnol ancien nous est connu par de nombreux textes , entre autres: « El  mio Cid », « El poema de Fernan Gonzales », « Los siete infantes de Lara », « El clerigo ignorante »  de Gonzalo de Berceo…Ces écrits qui datent pour la plupart des alentours du XIII° siècle sont très faciles à lire. En effet, près de 95% du vocabulaire de cette époque est identique au vocabulaire de l’espagnol contemporain. A titre d’exemple nous donnons un extrait du poème  du Cid avec la traduction en espagnol contemporain:

Ya, Senor glorioso, Padre que en çielo estas

(oh, senor glorioso, Padre que en cielo estas)

Fezist cielo e tierra, el terçero el mar

(hiciste cielo y tierra, el tercero el mar)

Fezist estrellas e luna, el sol pora escalentar

(hiciste estrellas y luna, el sol para calentar)

Prisist encarnacion en Santa Maria Madre

(te encarnaste en Santa Maria Madre)

En Beleen apareçist, commo fue tu veluntad

(en Belen aparaciste como fue tu voluntad)

Voici maintenant un extrait du texte des « Los siete infantes de Lara »

Cuando esto oyo Gonçalo Gonzales pesole mucho de corazon e non lo pudo sofrir, e dexose ir para el a tan bravamiente, que mas no pudo, e diole una tan grant punada en el rostro, que los dientes e las quixadas le crebanto, de guisa que luego cayo muerto en tierra a los pies del caballo.

L’analyse des textes écrits en espagnol ancien , dont nous avons donné un bref aperçu ci-dessus , appellent trois remarque d’importance :

1 . En l’espace de 700 ans l’espagnol a très peu évolué. Ceci ne nous étonne pas, tant la faible transformation des langues dans le temps est une constante universelle, et ceci vaut tout particulièrement pour les langues romanes. L’exemple espagnol est un exemple supplémentaire à ceux déjà exposés dans mon livre et qui rend très improbable la transformation radicale que le latin aurait subi sur les plans de la syntaxe, de la grammaire, et du vocabulaire pour devenir du castillan dans les  700 années qui vont de la chute de l’empire romain à l’apparition des premiers textes romans, alors que dans les 700 ans années suivantes le castillan n’aurait connu pratiquement aucun changement. N’y a t’il pas eu autant de bouleversements, de mélanges de population, et de guerres pendant ces deux périodes ?

2 . L’ espagnol ancien n’apparaît pas comme un stade de la langue intermédiaire entre le latin et l’espagnol. En effet , on pourrait penser que si l’espagnol vient du latin, plus on remonte dans la temps et plus on devrait trouver de traces de latin. Or à y regarder de très près, et sans a priori, les différences que nous observons nous rapproche de l’italien et non du latin dans l’immense majorité des cas. J’ai étudié avec beaucoup d’intérêt ce qu’en disent les universitaires espagnols et je suis frappé par leur acharnement à inventer une origine latine à tous les mots d’espagnol ancien, au besoin en invoquant de fort improbables glissements phonétiques et sémantiques.

Je vous donne ci-dessous la comparaison entre les vocabulaires de l’espagnol ancien, de l’italien et de l’espagnol contemporain.

Espagnol ancien ( italien / espagnol contemporain )

E ( e / y )

Après ( presso / cerca )

Asas ( assai / bastante )

Cama ( gamba / pierna

Suso ( su / arriba )

Yuso ( giu / abajo )

Brial ( braca / tunica )

Puorta (porta / puerta )

Començar (cominciare /empezar )

Otrosi ( altresi / tambien )

Oras ( ora / ahora )

Remanir ( rimanere / quedar )

Taido ( tagliato / tajado )

Semejar ( somigliare / parecer )

Aguardar ( guardare / mirar )

Vibda ( vevova / viuda )

Colpe ( colpo / golpo )

Cuer ( cuore / corazon )

Do ( dove / donde )

Estrena ( strenna /dadiva )

Falifa ( felpa / pellica )

Guarir ( guarire/ salvar )

Tirar ( tirare / sacar )

Guisa ( guisa / modo )

Luene ( lon.tano / lejos )

Maguer ( magari / aunque )

Mas ( mai / jamas )

Meter ( mettere / colocar )

Je vous laisse apprécier l’étonnante ressemblance à l’italien des mots de l’espagnol ancien qui n’ont plus cours aujourd’hui. Je n’ai pas cherché à faire une sélection particulière. Je me suis contenté de puiser le vocabulaire dans les textes anciens classiques et je n’ai rencontré que très exceptionnellement des mots qui ressemblaient plus au latin qu’à l’italien.

Si vous ajoutez à ces ressemblances de vocabulaire celles de la grammaire et de la syntaxe, la ressemblance à l’italien paraît encore plus saisissante !

Conclusion :  L’espagnol, comme toutes les langues romanes, ne vient pas du latin par l’effet d’un bouleversement total de cette langue dans un laps de temps très court, mais de l’italien. Le vocabulaire latin que l’on trouve en abondance en espagnol, comme dans toutes les autres langues latines, provient d’emprunts à la langue savante .

22 avril 2008

Deux peuples, donc, deux langues

A ROME COEXISTAIENT DEUX PEUPLES ET DONC DEUX LANGUES

La reconstruction de la langue parlée par les Romains, faite à partir des langues romanes, m’a amené à considérer que ce que nous appelons le « latin vulgaire » n’est autre que de l’italien. J’ai appelé cet italien : « italien ancien », mais il est probable que les Romains désignaient leur langue du terme de « roman ».

Pour autant je ne considère pas que la langue latine ait été une langue artificielle. Le latin et le roman ont coexisté pendant des siècles, avant que le latin ne devienne la langue de l’érudition et prenne un statut de langue écrite, alors que le roman s’imposait comme langue parlée. Les Romains sont devenus bilingues et ont apporté leurs deux langues dans tout l’empire : une langue écrite, le latin et une langue parlée le roman.

Les deux langues correspondaient à deux peuples qui ont longtemps coexisté avant de fusionner en un seul peuple, et nous allons essayer de retrouver dans l’histoire de Rome la trace de ces deux peuples distincts.

Nous possédons essentiellement deux sources sur la histoire ancienne de Rome : les écrits de Tite- Live et ceux de Denys d’Halicarnasse. Ces deux historiens ont vécu pratiquement à la même époque. Le premier est né en 59 av JC, le second en 54 av JC ; le premier est mort en 17 ap JC, le second en 8 ap JC.

L’un et l’autre nous parlent d’une époque lointaine sur laquelle ils possèdent très peu d’archives et se basent surtout sur la tradition orale. Tite-Live a la sagesse de prévenir le lecteur dans sa préface :« Quant aux récits relatifs à la fondation de Rome ou antérieurs à sa fondation, je ne cherche ni à les donner pour vrais ni à les démentir : leur agrément doit plus à l’imagination des poètes qu’au sérieux de l’information ». Denys d’Halicarnasse a moins de scrupule et nous propose une version de l’histoire de Rome avant la fondation de la ville. Nous ne devons pas prendre pour argent comptant sa version de faits qui se sont déroulés quelque 1000 ans avant la naissance de l’historien!

Nous pourrions décréter, en nous basant sur l’analogie des termes, que le latin était la langue du peuple latin et que le roman était la langue du peuple de Rome. Mais les choses ne sont pas si simples. Tite-Live nous décrit la rivalité qui a opposé ces deux peuples pendant près de 160 ans, depuis la bataille du Lac de Regille en 499 av JC, suivi d’un premier traité d’alliance en 493 av JC, jusqu’à la soumission définitive des Latins en l’an 339. Un an avant cette soumission, Annius, le représentant des Latins, s’exprimant devant le sénat romain, fait une proposition de fusion des deux peuples, basée sur une reconnaissance mutuelle : « Il faut que l’un des deux consuls soit pris à Rome, l’autre dans le Latium, que nous formions un seul peuple, un seul Etat, ( …), et recevions tous le nom de Romain . » Cette proposition sera rejetée par le sénat romain qui se fait  déjà à cette époque une haute idée de Rome.

Tite-Live précise que lors du dernier conflit entre les Romains et les Latins « ce qui avivait l’inquiétude des Romains c’était que l’on avait à lutter contre les Latins dont la langue, les mœurs, le mode d’armement(…) correspondaient à ceux des Romains. » Etonnants peuples, à la fois si proches géographiquement et culturellement, mais rivaux sans merci. Ces deux peuples étaient-ils si proches que Tite-Live le dit ?

Pour autant, je ne pense pas que ce soit dans la soumission du peuple latin aux Romains qu’il faille chercher la progressive disparition du latin comme langue parlée. Car si le peuple latin est définitivement soumis à Rome à partir de l’an 339, la langue latine continue à être écrite et enseignée. Elle va rester la langue de l’élite aristocratique et des lettrés, pendant de nombreux siècles, tandis que la plèbe optera pour la langue italienne.

C’est à l’origine de la formation de Rome qu’il faut chercher l’explication de la coexistence de deux langues.  D’où vient qu’il y a à Rome des patriciens et des plébéiens, deux classes sociales apparemment étanches et aux pouvoirs si disproportionnés ? Il est vraisemblable que cela renvoie à la création de Rome, ou à sa conquête par un peuple qui va imposer sa domination pendant des siècles, de même que l’aristocratie en France sera franque après la victoire de Clovis ou que l’aristocratie en Angleterre sera normande après la victoire de Guillaume le Conquérant ou mongole en Chine à différentes périodes de l’histoire chinoise.

Mais à Rome, comme ailleurs le peuple soumis finira par revendiquer une part du pouvoir et par obtenir  un rééquilibrage des pouvoirs. Ecoutons le discours du consul Quinctius Capitolinus après l’élimination des decemvirs en 445 : « La suppression de nos privilèges, nous l’avons souffert( …), quel terme aura notre discorde ( sous-entendu entre patriciens et plébéiens) ? Quand pourrons-nous former une seule ville ? Quand pourra-t-elle être notre patrie commune ? » Ce discours nous dévoile que, si les patriciens appellent de leurs vœux la fusion en une seule ville et en une seule patrie de deux fractions de la population romaine, Rome est encore en ce temps là composé de deux peuples. Les patriciens et les plébéiens sont donc deux peuples historiquement distincts.

L’analyse linguistique, basée sur la reconstruction de la langue-mère des langues romanes, nous a permis  de mettre à jour l’existence d’une langue parlée, qui n’est pas un latin déformé, mais de l’italien. Nous sommes donc en présence de deux langues, le latin et l’italien,  et de deux peuples, les patriciens et les plébéiens. Je propose, en toute logique, de considérer que la langue des patriciens était le latin et celle de le plèbe, l’italien.

17 avril 2008

Cartularios de Valpuesta

Cartularios de Valpuesta

Les Espagnols s’intéressent tout particulièrement aux Cartularios de Valpuesta , car ils considèrent ces documents écrits du IX° au XIII° siècle, comme des témoins de la transformation du latin en castillan. Tout me laisse à penser, et nous allons tenter de faire une analyse de ces textes, qu’il s’agit en fait de documents écrits dans un mauvais latin , ou plutôt d’une latinisation de textes conçus en langue romane, très précisément en castillan et en aragonais.

Rappelons tout d’abord que les Français pensent aussi que le Serment de Strasbourg est un document qui illustre le passage du latin au français. J’ai démontré dans mon livre « Le français ne vient pas du latin » que ce texte était en fait la preuve qu’en cette année 842 existait déjà une langue proche du français, qui conservait beaucoup de traits de son origine italienne et non latine.

Les Italiens ont cru trouver de même dans « L’Indovenillo veronese » (la devinette de Vérone) un texte illustrant le passage du latin à l’italien. J’ai apporté dans ce blog des éléments montrant qu’il s’agissait en toute vraisemblance d’un document écrit par quelqu’un qui avait une connaissance imparfaite du latin, et non d’un texte intermédiaire entre le latin et l’italien.

Un lecteur avisé de mes écrits faisait dans ce blog le commentaire suivant : « 0n pourrait dire de même des 'Cartularios de Valpuesta', censés être le plus ancien document roman, et qui semble plutôt du latin de cuisine accommodé de quelques mots castillans, soit que l'auteur maîtrisait très mal le latin, soit qu'il a tenté de faire une sorte d'interlingua à peu près accessible au vulgaire. »

Revenons donc aux Cartularios de Valpuesta, après avoir constaté que les Espagnols ne sont pas les seuls à rechercher désepérément les preuves d’une improbable transition entre le latin et leurs langues.

Un des meilleurs connaisseurs de ces textes, Emiliano Ramos Remedios, dans son analyse magistrale « Analisis lingüistico » appelle notre attention sur un point important : « Une série de documents datés de 1132, principalement le document n° 162 de cette même année, représente déjà des documents quasi « romans » (Il en est de même des documents n°176 de l’année 1184 et  n°177 de l’année 1190).»

Quant à celui de l’année 1200 le n°178 je vous laisse apprécier, si vous mettez de côté la formule introductive, son caractère proprement castillan : »  In Dei Nomine. Esto sea sabudo a los que son et a los que seran , que Fortun Sangez De Butrana dio una tierra al molin de rriba por anniversario a los chanonigos de Valpuesta ».

L’ analyse détaillée des textes, parmi les Cartularios de Valpuesta écrits en castillan, nous apprend tois choses :

   - D’une part, que la langue castillane existait déjà vers l’année 1100

   - Que cette langue ressemble très fortement au castillan contemporain, et qu’elle en a toutes les caractéristiques principales sur les plans de la syntaxe, de la grammaire et du vocabulaire.

- Et curieusement, alors qu’en l’an 1132 on parle manifestement déjà le castillan, les Cartularios de Valpuesta utilisent alternativement soit une langue proche du castillan, soit une langue latinisée, jusqu’en 1200.

En conclusion :

   1 . Nous découvrons que le castillan existait déjà dans une forme très proche de l’actuel castillan, confirmant par là une règle constante : les langues évoluent lentement. Ce qui rend improbable une transformation radicale du latin sur les plans de la syntaxe, de la grammaire et du vocabulaire en l’espace de quelques siècles, alors que les langues romanes malgré les bouleversements considérables que les pays romans ont connu en 10 siècles n’auraient pratiquement pas évoluées.

   2 . A bien y regarder, les textes en castillan ancien, écrits il y a plus de 800 ans ne nous dévoilent pas de traits latins résiduels. En menant une analyse systématique comme je l’ai fait pour l’ancien français, on découvrirait une convergence avec l’italien et non avec le latin.

   3 . Si , comme le montre le texte daté de 1132, le castillan existait à cette époque, les textes « latinisants » écrits quelques décades avant et après cette date ont un caractère nettement artificiel. Ce mauvais latin résulterait non pas d’une transformation progressive du latin en castillan, puisqu’il est contemporain du castillan, mais d’une connaissance imparfaite du latin, et donc serait la manifestation d’un jargon « latinisant » qui satisfaisait tous les lecteurs de cette époque .

Bordeaux le 16 avril 2008

Yves Cortez

26 février 2008

Indovenillo Veronese ( La devinette de Vérone )

L’indovinello Veronese

La devinette de Vérone

La devinette de Vérone ( l’indovenillo veronese) est considérée comme le texte roman ( volgare en italien) le plus ancien, elle aurait été écrite vers l’an 800, c’est-à-dire quelque cinquante ans avant les serments de Strasbourg.

La question qui intéresse les linguistes est de savoir en quelle langue est écrit le texte. Est-ce déjà de l’italien, est-ce un stade intermédiaire entre le latin et l’italien, et si oui, quelles seraient les transformations que l’on peut observer.

Voici le texte :

Se pareba boves

Alba pratalia araba

(et)Albo versorio teneba

(et)Negro semen seminaba

Première remarque

Le texte original est particulièrement illisible, et peut donner lieu à plusieurs transcriptions. J’en veux pour preuve que certains mentionnent un mot supplémentaire (et), et que d’autres ne le mentionnent pas .

Deuxième remarque

De même que pour la transcription des serments de Strasbourg, il y a un parti pris « latinisant » de la part des analystes contemporains . Ainsi, ceux qui ont rajouté le mot « et », le transcrivent « et » et non pas « e », alors que le texte, pour autant que l’on puisse le lire correctement, ne permet pas de d’affirmer la présence de la lettre « t ».

Troisième remarque

Est-ce qu’un texte aussi court peut rendre compte de la façon dont on parlait à l’époque ? Il faudrait de nombreux textes pour pouvoir analyser la langue de l’époque. Il faut donc se garder de généralisations sur la langue de l’époque, à partir de ce seul texte.

Quatrième remarque

Les écrivains et les scribes de cette époque étaient parfaitement bilingues, et surtout n’écrivaient qu’en latin. On peut donc concevoir qu’ils avaient une tendance naturelle à latiniser leurs écrits.

C’est en ayant présent à l’esprit toutes ces remarques que l’on peut commencer à aborder l’analyse du texte de la devinette.

1 . Se pareba boves

On trouve deux traductions pour cette première partie du texte

Soit : Il poussait devant lui ses bœufs

Soit : il ressemblait à des bœufs.

2 . Alba pratalia araba

Là encore on trouve deux traductions.

Soit : il labourait le champ blanc

Soit : il labourait les champs blancs

Je ne vois, pour ma part, aucune raison de traduire « alba pratalia » par un pluriel ! Ni le latin, ni l’italien ne formeraient les pluriels de la sorte.

3. Albo versorio teneba

    Negro semen seminaba

Là les traducteurs s’accordent pour comprendre la même chose ( à l’exception d’Henriette Walter qui traduit tous les verbes par des pluriels)

Il tenait une charrue blanche

Il semait une semence noire

En conclusion ce texte est-il un stade intermédiaire entre le latin et l’italien ?

1 . Le vocabulaire de ce texte est latin , à la seule exception du mot « versorio »

     Ainsi pour le mot « boves » on trouve le français « bœuf », l’italien « bue » , le roumain « bou » et l’espagnol « buey » . Tous ces mots devraient venir d’un mot unique « bu-» ( en fait, dans la logique de ma théorie, les mots des langues romanes actuelles viendraient de l’italien ancien « bue » ) Il est improbable que le mot « boves » , s’il est roman, n’ait pas encore perdu son « v » pour donner les autres formes romanes que nous connaissons où ne figure jamais la lettre « v ». Il est donc latin.

2 . Sur le plan grammatical, on remarque que si l’auteur a voulu écrire en latin, il ignore les déclinaisons et omet le « t » à la troisième personne du singulier

Ma proposition

Je considère que le texte de l’Indovinello Veronese a été écrit par une personne qui a essayé d’écrire en latin, et qui a réussi sur le plan du vocabulaire pour l’essentiel, mais qui, par contre, a fait de grosses fautes de grammaire.

Son vocabulaire n’est en aucune façon roman.

En d’autres termes le texte de l’Indovenillo Veronese ne peut pas être considéré comme l’acte de naissance de la langue romane.

Tel est mon point de vue, merci de me faire connaître le vôtre.

   

13 janvier 2008

Le système casuel de l'ançien français

:

Le système casuel de l’ancien français est toujours présenté comme une preuve de la transformation progressive du latin en français.

Sylvie Bazin-Tacchella , professeur à l’université de Nancy, reprenant la thèse officielle dans son livre « Initiation à l’ancien français »( Ed Hachette 2001) expose :

« Les substantifs se déclinent en ancien français(…)Cette flexion est un héritage du système latin, très simplifié. Alors que le latin comportait six cas la langue médiévale n’en comporte plus que deux. »

Simplifié, en effet, il l’est le système casuel de l’ancien français, qui selon la norme officielle serait le suivant :
Au cas régime, c’est à dire à tous les cas autres que le nominatif il n’y a pas de différence avec le français contemporain, au cas sujet seul le nominatif masculin se distingue en mettant un « s » au singulier, et aucune désinence au pluriel.

Mon commentaire :

1 . Il faut beaucoup de bonne volonté pour voir un résidu de déclinaison latine dans ce petit « s » qui apparaît de temps en temps dans les textes d’ancien français. Nous parlons là de textes des années 1200 c’est-à-dire écrits seulement 8 siècles après l’effondrement de l’empire romain. Quand on pense que le grec a gardé tous les cas sauf un , et le plus souvent à la lettre près, en 25 siècles ! Le latin ne nous aurait légué qu’un petit « s » comme tout héritage de son abondante déclinaison ! Ils se contentent de bien peu de choses les tenants de la thèse officielle d’une origine latine des langues romanes.

2 . Ce qu’ils appellent pompeusement système casuel, se résume en fait à ceci : Les « déclinaisons » de l’ancien français sont strictement identiques à celles du français contemporain à une différence près : le nominatif masculin, et seulement si les prédicats se terminent par une consonne. Mais pour se raccrocher au latin on présente ce léger marquage du nominatif masculin sous la forme d’un système casuel.

3 . Pour comprendre le « dessous » des choses nous allons analyser la déclinaison des articles définis en ancien français :

Cas sujet           Masculin               Féminin

Singulier              li                         la

Pluriel                  li                         les

Cas régime        Masculin               Féminin

Singulier              le                         la

Pluriel                  les                       les

Je rappelle ( voir mon livre page 61) que les langues romanes se séparent en deux groupes pour ce qui est du pluriel des substantifs. Le groupe des langues parlées en France, en Espagne et au Portugal, et le groupe des langues parlées en Italie et en Roumanie. Les premières font leur pluriel en « s » , les secondes font leur pluriel en « i ». Ce qui m’amenait à conclure que les langues romanes sont issues de la même origine , mais qu’à la marge on pouvait considérer qu’il y avait deux variantes dialectales de l’italien ancien.

On constate que les articles définis de l’ancien français sont identiques à ceux du français contemporain, à la seule exception du nominatif masculin.

Il semblerait que le français ancien témoigne des deux formes dialectales. Pour le nominatif masculin, le français ancien aurait adopté la forme « italo-roumaine » et dans tous les autres cas, la seconde forme. Nous avons bien sous les yeux les deux formes romanes connues.

3 . Autocritique : Ma proposition fonctionne pour les articles définis mais ne nous explique pas la présence d’un « s » au singulier du cas sujet et son absence au pluriel . Est-ce un artifice orthographique des lettrés ? En toute hypothèse voir dans ce malheureux petit « s » comme le fait madame Sylvie Bazin-Tacchella et ses collègues spécialistes de l’ancien français un héritage «  de la deuxième déclinaison latine » c’est croire à l’œuvre du saint-esprit. Je demande aux universitaires de rester dans le strict cadre laïc ! Et surtout de ne pas inventer de traces de latin aussi tirées par les cheveux. 

4 . A se focaliser sur ce petit « s » madame Sylvie Bazin-Tacchella ne voit même pas que la matière sur laquelle elle travaille, l’ancien français, est essentiellement du français contemporain . Voilà bien une preuve vivante de la stabilité des langues. Cet ancien français en 8 siècles ( encore !) nous a transmis sa syntaxe, sa grammaire et 90 % de son vocabulaire, malgré les bouleversements incommensurables que la France a connu pendant ces 8 siècles. Sur le plan grammatical, l’ancien français, lui, nous a transmis beaucoup plus que ce petit « s » résiduel que nous aurait transmis le latin!

Quel manque de discernement, quel enfermement dans le dogme de la part de certains professeurs de l’université. Car si madame Bazin-Tacchella et ses confrères voient dans ce « s » du latin , c’est parce qu’ils raisonnent à l’envers et qu’ils partent du postulat que le français vient du latin. Non , madame. Dites que vous faites l’hypothèse que ce « s » serait un résidu du latin, mais ne présentez pas ce « s » comme une preuve d’une origine latine du français. De grâce de la rigueur. Vous ne démontrez rien, vous dissertez.

En conclusion : Ce qui est présenté comme un système casuel, se résume à la différenciation des masculins au nominatif. Et plus encore, la désinence particulière propre à ce cas est limitée pour les substantifs et les adjectifs aux seuls mots qui se terminent par une consonne. Des spécialistes ont cru voir dans cette désinence particulière un résidu du système casuel du latin. Je vous laisse juge.

Yves Cortez

Bordeaux le 8.01.2008  .

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